« Topsporters » : A la recherche du secret des plus grands sportifs de tous les temps

Topsporters zijn CEO’s. Les sportifs de top niveau sont des PDG. Ils gèrent leurs affaires comme le font des présidents directeurs généraux. Et, afin que personne ne se trompe sur le sujet du livre, le sous-titre précise : Pourquoi le leadership fait la différence et ce que cela signifie pour Van Aert, Van der Poel, Evenepoel, Pogačar et les Diables Rouges.

Xavier Verellen fait étalage dans Topsporters zijn CEO’s de l’étendue de sa culture sportive. Il est beaucoup question des champions et super-champions du vélo du temps présent et des cinquante dernières années. Quoi de plus normal, c’est l’une des disciplines sportives les plus exigeantes, c’est un sport phare en Belgique et plus encore en Flandre qui ont compté nombre de super-champions cyclistes et celui qui aux yeux du public reste le plus grand de tous les temps – faut-il le nommer ? –, et le livre est sorti peu avant que le Tour de France 2022 ne commence, le timing parfait.

Mais, il y est aussi question d’autres sports dans lesquels les Belges ont excellé au plus haut niveau, le hockey (avec l’équipe nationale championne olympique), la gymnastique (avec Nina Derwael, médaille d’or aux JO), le tennis, et d’autres sportifs d’exception (Federer et Nadal, super-champions s’il en est, Tiger Woods dans le golf, Verstappen en F1, à titre d’exemple) – et question de peinture et de musique, car l’excellence ne se cantonne pas au domaine sportif, loin s’en faut.

Xavier Verellen est lui-même l’auteur d’un beau parcours qui atteste de ses compétences à parler de gestion des affaires (maîtrises en économie appliquée, en comptabilité et finance, longue carrière dans le plus grand groupe de presse belge, responsable du lancement des sites d’information hln.be et 7sur7.be ainsi que de l’intégration commerciale au sein de DPG du plus grand groupe de presse des Pays-Bas). Il est désormais CEO d’une scale up et à la tête d’un bureau de consultance.

Bref, si cela aide de partager la passion de l’auteur pour le sport de haut niveau, son livre aurait tout aussi bien pu être sous-titré « Les top-PDG ont-ils une mentalité de Topsporters dans l’exercice de leur métier ? », ou « Êtes-vous le top-sportif et le PDG de votre existence ? », tant il comporte des aperçus incisifs pour tout qui entend s’assigner un objectif professionnel ou un but dans la vie, le seul « défaut » de ce livre d’une réalisation irréprochable (comme il en va souvent des livres édités par les grandes maisons d’édition belges) étant, pour un public francophone, de n’avoir été publié jusqu’à présent qu’en néerlandais.

Recette pour un champion

La recette pour devenir un champion tient en quelques ingrédients, le premier, indispensable, le feu sacré. Encore faut-il qu’une étincelle se produise pour l’allumer, que la chance vous accompagne, que vous vous entraîniez de manière disciplinée sous la tutelle d’un coach compétent qui ait détecté tôt en vous un talent. Si ces circonstances sont réunies, vous avez la possibilité, limitée, de devenir, un jour, peut-être, un champion.

Mais, pour accéder à ce statut, il vous faudra montrer, pendant toute votre carrière de sportif d’élite, de la résilience et de la persévérance, témoigner d’opiniâtreté dans l’effort quels que soient les revers et les obstacles et afficher un moral d’airain dans l’adversité.

Ceux qui émergent à ce niveau sont dotés de facultés intellectuelles supérieures à la moyenne, ils recrutent un entourage destiné à les aider à atteindre le plus haut niveau – un entourage dont la seule motivation est de les faire gagner, eux ou l’équipe, selon qu’il s’agisse d’un sport individuel ou collectif – et ils se focalisent sur la performance et tous les détails susceptibles d’y contribuer, une vision tunnel de l’objectif fixé qu’un international gallois légendaire de rugby compara à un état de folie passagère digne de la psychiatrie et dont Rafael Nadal attesta en déclarant qu’il perdait tout sens de l’humour devant la défaite.

Euro 2048 on y croit toujours

Après leur dernière élimination en date dans un grand tournoi, un mème a circulé sur Internet avec un De Bruyne, un Lukaku et un Hazard grisonnants et la légende « Euro 2048 on y croit toujours ». Dans un article publié en juillet 2021 et lu par plus de cent mille personnes sur un média en ligne, Xavier Verellen prédit que la « génération dorée » des Diables rouges ne gagnera jamais un tournoi majeur. Il avance qu’il y a une explication et que cela n’a rien à voir avec les raisons habituellement avancées par les spécialistes du foot.

En moins de 24 heures, fait-il remarquer, les ex-futurs vainqueurs de l’Euro 2020 joué l’an dernier étaient tous allongés au soleil, toute déception évacuée, toute honte bue, s’il y en eût. Personne n’a versé la moindre larme. Et pourtant, concède l’auteur, aucune équipe nationale n’a accumulé autant de talents dans l’histoire du foot belge.

Les Diables rouges constituent en quelque sorte le contre-exemple de la théorie élaborée et illustrée par Xavier Verellen. Ce n’est pas le talent qui compte (en outre, faut-il se rendre à l’évidence qu’il n’est pas inné, mais se développe et s’entretient, « talent is grown, not born »), ni même l’argent (les Diables en ont à profusion comme en témoigne leur parc automobile, n’en déplaise à Piketty et aux écologistes !). C’est qu’avant de décider comment faire (« trust the process », selon Vince the Prince), encore faut-il savoir pourquoi le faire ! Et ça, aucun des Diables rouges ni leur coach n’en a la moindre idée !

Il s’agit d’une version mise à jour de l’importance que les entreprises et les PDG devraient accorder à la définition d’une vision et d’une mission avant de s’aventurer dans la stratégie. Rien de nouveau sous le soleil. Ce serait d’ailleurs plutôt le rôle de Roberto Martinez. Toujours bien sapé et propre sur sa personne, le mot juste pour vendre la marque « Diables rouges », il pourrait aussi bien être le PDG d’AB Inbev ou Unilever, si ce n’est qu’il n’est pas arrivé à inculquer le pourquoi à ses troupes et qu’elles ne semblent pas habitées par le feu sacré.

La Belgique est devenu un concept aux contours flous. Les joueurs de foot belges sont plus prompts à mettre un genou en terre dans un geste symbolique emprunté aux Etats-Unis qu’à chanter l’hymne national. Leur allouer quelques millions supplémentaires ne changera rien à l’affaire, ils en ont plus qu’ils ne pourront raisonnablement en dépenser en l’espace d’une vie. Certains en conviennent ! La question se pose : qu’est-ce qui peut bien encore les animer ? Personne n’en sait rien ! L’exemple à suivre, pourtant, existe : les Red Lions, nos champions olympiques de hockey !

Topsporters zijn CEO’s, Xavier Verellen, 272 pages, MediaNation.

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Cette recension de Topsporters zijn CEO’s a été publiée dans l’hebdomadaire satirique PAN n° 4045 du mercredi 20 juillet 2022 et sur palingenesie.com, le site sur lequel son auteur partage les recensions de ses lectures sur des thèmes d’actualité et de société. Inscrivez-vous dans l’espace prévu à cet effet sur la page d’accueil et sous chaque article, ou directement via le lien suivant : s’inscrire.

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Posté dans Dépassement de soi

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