Un Festival Trail Semois en 4D à Herbeumont

Une 7ème édition encore plus Festival, encore plus Trail et toujours autant Semois, avaient promis les organisateurs. Ils ne pouvaient se douter au moment de lancer leurs invitations qu’une quatrième dimension augmenterait cette réalité : la canicule.

« Le Roi Salomon suppliait l’Eternel de lui accorder Un coeur intelligent », écrivit le philosophe Alain Finkielkraut dans l’avant-propos de son essai éponyme. « Dieu cependant se tait, faisait remarquer l’académicien français. Il nous regarde peut-être, mais Il ne nous répond pas. Il n’intervient pas dans nos affaires. Il nous abandonne à nous-mêmes. » Face à la canicule, les organisateurs du Festival Trail Semois invitèrent donc les candidats participants à prendre leur décision en âme et conscience et à se transcender.

Le Festival Trail Semois 2015 n’était-il pas en définitive une histoire de coeur et d’intelligence ? A la suite de l’annulation de différentes autres courses, bon nombre d’inscrits se résignèrent à rester chez eux, d’autres suivirent les conseils d’avant-course des G.O. – écoutez votre corps ! – et eurent le courage d’abandonner, beaucoup eurent l’ultime courage ou folie – comment ne pas en faire l’éloge ? – de terminer l’épreuve dans laquelle ils s’étaient engagés, sur 55 km, 28 km ou 16 km.

Si le fait pour le Cherinois Florentin Gooris (32 ans) d’avoir avalé les 54,3 km et 1750 mètres de dénivelé positif en 5:47:53 à une moyenne horaire de 9,49 km constitue assurément un bel exploit, n’est-il pas encore plus grand celui de la Tintignolaise Cynthia Arnould (38) qui mit plus d’une demi-journée (12:13:40) à redécouvrir à du 4,5 km de moyenne le Château des Fées, l’Ermitage St-Remacle, le Tombeau du Chevalier et les autres plus beaux endroits de la rive droite de la Semois ? Sur les 188 inscrits de la grande épreuve, il y eut 155 partants et 96 classés.

A moins que ce ne soit dû aux heures de départ (8 heures pour les 55 km, 13 heures pour les 28 et 16 heures pour les 16), il y eut curieusement un pourcentage plus élevé de forfaits sur les courtes distances que sur la longue (17,5%). Sur les 555 inscrits des 28 km, seuls 420 prirent le départ (soit un pourcentage de 24,3% de désistements) et 364 furent classés, tandis que sur les 570 inscrits des 16 km, seuls 415 se présentèrent au départ (soit 27,2% d’absents) et 402 à l’arrivée, ce qui constitue, intelligiblement, le plus faible ratio d’abandons sur les trois distances.

Pour rester dans le registre du coeur et de l’intelligence (ou du coeur et de l’esprit, thèmes chers à cette chronique nomade et au livre qui a conduit son auteur à l’initier), épinglons encore l’exemplaire fraternité affichée sur les 28 km (vécus de l’intérieur – ô combien ! – par l’auteur) par ces cinq Mystères, Caroline (54), Lieve (48), Bénédicte (46) et Na Young (42) drivées par leur Chef Domenico, qui restèrent groupés d’un bout à l’autre pendant quelque cinq heures et s’attendirent aux endroits névralgiques, ainsi que le beau parcours en parfait binôme de Julie Montoisy (29) et Astrid Favette (32). Ces deux marathoniennes du SPTW Wavre, bien représenté à Herbeumont, coururent et terminèrent ensemble sous les cinq heures en temps réel, les doigts en V et un large sourire au visage.

C’était assurément plus dans l’esprit festif trail Semois que le « vas-y, ma bichette, je crois que tu es troisième dame » à une concurrente du 16 km au passage du dernier ravitaillement avant la descente qui conduisait à la traversée de la Semois au gué du Moulin de Nawé.

Enfin, comment cette chronique galopante passerait-elle sous silence, parlant de l’intelligence et du coeur, l’exploit d’un fidèle lecteur du livre Marathonien de coeur et d’esprit (achetez-le ici), Max Roberti (60), qui accompagna un traileur néophyte jusqu’à son abandon au 13e km et poursuivit seul son effort pour finalement se classer premier vétéran 3 en 4:22:55 sur les 28 km avant de prendre la route via Chaumont Gistoux pour le Mont-Saint-Michel où, les jambes même pas flageolantes, il prit part ce dimanche à un trail de 15 km sous l’orage et dans la boue. A moins que l’on ne quitte ici le registre d’Un coeur intelligent d’Alain Finkielkraut et l’on n’entre dans celui de la célèbre antanaclase des Pensées de Pascal : « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point » ?

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